Les dessins et collages de Philippe Van Cutsem, accumulés sur une période de plus de trente années, revendiquent, avec une surprenante cohérence, une appartenance à un tout presque généalogique.
Chaque série est une maison. Singulière, elle a ses propres contraintes, donnant aux travaux qui y naissent cet air de famille qui différencie. Pourtant, à l’instar des membres d’une tribu déjà ancienne, étendue et prolifique, toutes les œuvres partagent les mêmes gènes, ici la même genèse : une facture qui tient de l’écriture graphique automatique, intuitive.
Rencontre de la couleur et du noir et blanc, fenêtres qui semblent autant de cadres – d’écrans – soudain éclatés, détails comme saisis en macro, ou traces, esquisses qui semblent vues de très loin, formes et détails associés en échos, scènes qui s’accumulent en séquences, la grammaire de Philippe Van Cutsem est celle du cinéaste, du réalisateur de quantité de films – deux longs métrages en cours de montage actuellement – où l’on retrouve les notions de mémoire, d’archive, de trace.
Aussi – comme on pourra le découvrir lors de la projection au Clignoteur de L’Embellie, les créations de Philippe Van Cutsem sont autant de recherches d’un état, proche de l’hypnose, qui permet à l’esprit les associations libres. Le dessin, le collage, le film ont leur vie propre. Le faire les révèle, leur donne la possibilité d’advenir, laissant à Philippe le soin de reconnaître et d’orchestrer, de suivre et de soutenir, à l’écoute, aux aguets.
Et nous pouvons alors pousser plus loin l’expérience du regard, comprendre enfin, sans interpréter.
Laurence Baud’huin, décembre 2018
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